Un réveil en douceur, produit par son demi petit frère préféré qui, a sept heure précise, s'alarma en lui sautant dessus déjà tout éveillé, et lui demanda un gros câlin que sa sœur approuva totalement avec un immense sourire pour bien démarrer la journée. Un câlin qui dura une bonne dizaine de minutes puis, alertés par leur tutrice, Debbie, l'ex femme de l'oncle de Devon et Ampe, ils durent se lever.
Debbie était très gentille avec eux, elle les emmenaient faire toute sorte de sortie, surtout avec Lukas qui était encore qu'un enfant. Elle n'aimait pas les prendre pour ses propres enfants mais il faut dire que cela lui plaisait comme même beaucoup, avoir trois enfants d'âge différent d'un seul coup sans n'avoir jamais fait de babysitting mais s'en sortir à merveille parce qu'ils étaient tous les trois de vraies perles venues de l'autre bout de la terre, c'était inimaginable et extraordinaire.

Après s'être habillée et avoir déjeuner dans une ambiance plus qu'amusante, Ampe fit le sac de Lukas où elle lui mit son goûter et lui enfila ses chaussures pour enfin partir à huit heure quinze - un quart d'heure en retard - et l'emmena à la garderie de son école avant de partir pour l'université de Harvard.
Elle ne se précipita pas pour autant pour aller dans sa salle de cours, ayant envie de garder sa bonne humeur quelques minutes de plus au cas où son prof serait de mauvaise humeur et lui collerait un devoir supplémentaire. Pourtant, en arrivant vers sa porte de classe, elle entendit beaucoup de bruit, ce qui n'était pas dans les habitudes de Monsieur Anderson, son prof d'art, de laisser ses élèves parler à sa place. Elle poussa tout de même la porte, intriguée par cette étrange ambiance de classe, et, s'installant au premier rang, sa place habituelle pour avoir la possibilité d'écouter et de prendre note du cours, elle demanda à son voisin qu'est-ce qu'il se passait.

« On dirait que le prof est en retard. » me répondit-il d'un ton enjoué.

Quelques minutes après, quelques uns des élèves remarquèrent une présence derrière la porte de la salle mais n'arrêtèrent pas pour autant cette ambiance aussi décontractée que lourde qui régnait dans cette pièce.
Entrant d'une poignée de main assurée, le prof entra comme une effraction perturbée et désigna Ampe, qui s'était assise sur sa table, comme la personne à abattre en lui collant une copie complète à rédiger sur "La place de l'art dans la société moderne". *Non mais et puis quoi encore ?*

« Non mais... »

Essayer de répliquer quand un prof ne vous écoute même pas, c'est peine perdue. Mais il allait l'entendre après son cours, c'était certain.

Le cours passa trop lentement, et personne ne savait si c'était parce qu'aucun d'entre eux n'avait envie de répondre aux questions de Anderson, à cause de la punition injustifiée qu'il avait collé à Ampe, ou si c'était à cause de son état, parlant peu fort mais criant jusqu'à en percer tous les tympans dès qu'il y avait un seul chuchotement... Ce qui était sûr, c'est que personne, mais alors vraiment personne, n'était d'humeur à suivre ce cours devenu pénible.
La sonnerie retentissant, Anderson lança le sujet du prochain devoir écrit et s'en alla à toute vitesse. Quant-à Ampe, elle se dépêcha de ramasser ses quelques affaires sorties sur sa table de classe et sortit aussi vite qu'elle pu pour le rattraper.

« Monsieur ! Pourrais-je savoir ce qui vous a prit ? »

Ampe était bien déterminée à lui faire entendre sa version des faits. Même si elle était capable d'effectuer ce travail qui ne servirait au final peut-être à rien, il lui faudrait au moins deux heures pour l'achever, temps qu'elle n'a pas jusqu'au prochain cours. Alors, si il ne lui enlèverait pas son devoir supplémentaire, elle lui dirait cash qu'elle ne le ferait pas, faute de temps. Et tant pis si il lui donnait une seconde punition, à dix-neuf ans, n'ayant plus de père ni de mère et étant l'aînée des frères, elle n'aurait de comptes à rendre à personne. Juste une définition du mot « injuste » à expliquer à Anderson. Explication qui ne la gênerait guère.

Après s'être retourné vers elle, avec un visage plutôt déconcentré, il lui balança à la figure qu'il lui fallait un coupable, et que, c'était tombé sur Ampe.

« Vous voulez dire que j'aurais du m'asseoir au fond, c'est ça ? » dit-elle d'un ton mécontent.

Il ne voulait toutefois pas revenir en arrière, peut-être était-ce trop "risqué" pour ce prof trop nul en matière d'autorité. Il l'avait surement remarqué pour qu'il lui donne une punition injuste.

« On peut toujours réparer ses erreurs, vous savez. Et même si vous êtes trop borné pour avoué que ce boulot supplémentaire me prendrait au moins deux heures d'acharnement voir deux fois plus parce que je vous signale qu'à mon devoir précédant sur le même thème, j'y ai mis toutes mes connaissances, je ne le ferais pas ! Parce que je vais vous dire pourquoi, j'ai un boulot qui m'attends presque chaque soir, un petit frère à garder pendant que ma tutrice bosse et des devoirs à effectués après ça. Alors il est hors de question que j'y mette toute ma nuit dans un devoir injuste et inutile ! »

Sur ces derniers mots, le visage d'Anderson se plissa et il semblait avoir un mal de crâne fou. Pourtant, ce n'était pas à cause des paroles de la jeune femme, cela était dû à bien avant son cours.

« Vous allez bien Monsieur ? »

Sans en oublier son injustice, elle avait pris la peine de lui demander si ça allait, parce que la jeune femme était du genre « généreuse » et prête à aider son prochain, même si celui-ci lui faisait un mauvais coup.

Anderson semblait prendre beaucoup plus mal ses arguments qu'elle ne l'aurait pensé, lui reprochant de se plaindre alorsqu'elle était loin d'être la seule à en baver, mais elle ne se démontait tout de même pas devant un professeur qui avait la gueule de bois. Et oui, Ampe l'avait observé pendant toute son heure de cours et avait constaté qu'il n'était pas vraiment en état.

« Dans quel cas vous parlez ? Celui d'avoir un emploi du temps chargé ou bien celui d'avoir un passé compliqué et douloureux ? lui demanda-t-elle en le regardant dans les yeux, tout en sachant que sa deuxième théorie était hors-sujet. Et laissez moi vous dire une chose, si les autres élèves viennent pas vous casser les pieds après votre cours où vous n'avez pas assuré parce que vous avez la gueule de bois, c'est tout simplement parce qu'ils n'ont pas eu une copie à rédiger en une soirée dans un emploi du temps qui ne leur permet pas de se libérer plusieurs heures ! »

Elle savait être convaincante, mais avec lui, elle n'était finalement pas très sûre d'y arriver. Ils se tenaient à un pied d'égalité, pour une fois. Et en ce qui concerne sa gueule de bois, elle savait aussi qu'il la jugerait peut-être mieux. En tout les cas, c'est ce qu'elle espérait tout au fond d'elle.

Le professeur Anderson rejeta l'aide de la jeune femme, comme si c'était malsain de se préoccuper d'un être humain. Puis, en prenant un ton beaucoup plus sûr et dur qu'auparavant, il mit les points sur les "i" en évoquant les choses les plus claires que rien n'avait jamais été dans la tête de la demoiselle.

« J'ai deux choses à vous dire, moi aussi. De un, je ne suis absolument pas obligée de faire ce devoir puisque tous pourront confirmé qu'il m'a été donné injustement au doyen et auquel je pourrais aussi l'informer de votre état de ce matin. De deux, je n'avais pas le choix que de viser l'école la plus haut placée parce que j'ai déjà perdu suffisamment de temps avec mon année de retard. Mais je vais pas m'étaler, puisque vous croyez être le seul à avoir eu des problèmes dans votre vie et que ceux des autres vous importent peu. »

Et toc, ça, s'est dit. Ampe n'avait pas l'intention de faire quoi que ce soit contre lui mais en avait plus que marre qu'il ne la respecte pas, se croyant plus intelligent qu'elle parce qu'il était le « maître ».
Il la fixait maintenant droit dans les yeux, baissant légèrement la tête - puisqu'elle était un petit peu plus petite que lui - ce qui confirma à Ampe sa supposition concernant sa « supériorité intérieure ». Mais elle n'en tira rien de mauvais. Pour elle, s'était lui qui s'enfonçait peu à peu, laissant à Ampe le choix de laisser tomber ou d'argumenter au maximum tout dans le réel pour qu'il comprenne à qui il a à faire.
Mais pas besoin pour elle de réfléchir, son choix était fait.

Spoiler:

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Des minutes de silence, des moments de doutes et réflexions, mais toujours ses yeux rivés sur Anderson, Ampe pouvait contempler ses moindres crispassions ou faux rires, comme il le faisait à présent. Un rire presque retenu, suivi d'un sourire beaucoup moins joyeux et communicatif par les dernières phrases sorties de la bouche de la jeune femme. Ce pourrait-il que Ampe soit un sacré mystère ? Une de ces filles qui n'ont pas leur langue dans la poche et qui vous prenne par surprise quand vous vous y attendez le moins ? Sans doute que oui.

Plus les minutes passaient et plus cet homme l'exaspérait par sa manière d'être. Puis, il mit fin à ce long massacre silencieux et lourd à cause d'un petit groupe qui passait derrière Ampe, amusé. Il sortit alors une question tout droit descendue d'un pays lointain où Ampe n'y connaissait rien. Comment pouvait-il croire qu'elle voulait amuser la galerie ? Il l'avait en cours depuis déjà plusieurs mois et il n'avait toujours pas cerner son caractère ? Quel travail !
Faisant alors un léger petit mouvement de la tête vers l'arrière, l'air de rien mais qui signifiait l'incompréhension de la jeune femme face à cet homme qui lui démontrait que l'on ne pouvait pas faire éclater sa personnalité au grand jour sans que l'on vous juge autrement, Anderson croisa ses bras et se fit plus grand qu'il ne l'était déjà pour sortir une phrase des plus ridicules que Ampe n'avait jamais entendu de la part d'un prof qui, d'habitude, préfère parler à la place de ses élèves. Elle ne pu donc pas se retenir de rire et enchaina : « Vous rigolez là ? réussit-elle a sortir de sa bouche en interrompant quelques secondes son rire. Vous ne m'avez toujours pas cernée depuis que je suis vos cours ? A croire qu'il vous ai plus facile de cerner un élève qui ne vient pratiquement jamais en cours plutôt qu'un qui ne cesse de venir. Et pas la peine d'être aussi dur, vous pourriez au contraire faire des efforts pour ceux qui ne veulent que justice soit rendue ! » était-elle prête à partir.