Excédé, Russ avait tapé du poing contre son clavier qui avait perdu sa touche « o » dans la volée. Non mais franchement, il se prenait pour qui, l'autre attardé blond ? On ne provoque pas impunement Russ Rodgers, n'importe quel débile sait ça. La colère divine et rebelle s'abattrait sur vous en moins de deux, et Russ savait que c'était exactement ce qui allait se passer, là, maintenant.

« Woh, calmos. » grogna un type qui dormait par terre sur la moquette, juste à côté du bureau où se trouvait l'ordinateur. Russ lui jeta un regard affligé et se dit que son père n'avait pas forcément tort, quand il lui avait proposé d'engager quelques mecs pour garantir la sécurité de sa villa. Il avait décliné l'offre parce qu'il estimait qu'il pouvait se démmerder seul, mais parfois, il se prenait quand même à regretter. Bon, okay, le mec qui dormait par terre était celui qui lui avait vendu de la beuh la veille au soir, mais c'était pas une raison pour squatter toute la journée, si ?

Décidant qu'il était cool et qu'il s'en foutait, Russ attrapa ses clés de bagnole et quitta la baraque en grandes enjambées. Sa réputation n'était plus à faire, mais il n'allait pas laisser son honneur se faire bafouer par un danseur de claquettes à la noix. Russ ne voulait jamais devenir le genre de personnes qui se laissent insulter sans répondre, et les réponses il les donnais à grands coups de latte dans la gueule.

Ca ne lui plaisait pas, mais Charley Keegan vivait dans la même villa qu'Ally. Elle lui avait assuré dix mille fois qu'il était gay et qu'il le resterait, mais Russ ne supportait pas qu'Ally vive perpétuellement avec ce petit cafard qui traînait chez elle. Pourtant il savait qu'elle était actuellement absente, et cette fois, l'idée de retoruver Charley seul à seul l'enchantait. Il allait pouvoir lui montrer qu'on n'insulte pas impunément Russ Rodgers.

Après quelques kilomètres Russ se gara face à la maison d'Ally et vérouilla sa voiture avant d'aller sonner comme un malade à la porte, espérant de toute son âme qu'il dérangeait Charley dans un moment gênant et/ou inaproprié. Genre s'il était en équilibre sur un escabeau ou s'il était en train de se faire prendre par un de ses danseurs, quoi.

Mais ce n'était évidemment pas le cas ; tout le monde le sait, Dieu est du côté des vertueux. Charley en faisait parti, incontestablement : qui, à part lui, savait danser Amazing Grace en claquettes aussi parfaitement, hm ? Sortant de sa douche en s'étirant à la manière d'un félin au réveil, Charley jeta un coup d'œil à l'heure. Il avait déjà tout oublié de Russel et de l'altercation qu'ils avaient constatés par écran interposé une demi-heure plus tôt. Ne restait dans sa tête que la soirée qu'il se préparait chez Daniel O'Connor et qui s'annonçait aussi épique que la raclée que les Suisses avaient mérités à Marignan. Évidemment n'y était invité que les gens en conséquence ; aucune chance, donc, d'y croiser des loosers ou des énergumènes de l'acabit Rodgers. Quand bien même ce serait le cas, Charley était beaucoup trop important dans ce genre de cérémonie pour s'abaisser à les fréquenter. Jetant sa serviette dans un coin pour se saisir d'un corsaire, il entreprit d'enfiler ce dernier avant de retourner dans la salle de bain. Là, il s'apprêtait à se saisir de ses nombreuses crèmes lorsque la sonnette retentit avec obstination.

Sifflant entre ses dents, irrité - qui était le débile qui venait le déranger en plein soin du visage, hm ? - Charley redescendit au rez-de-chaussée pour aller ouvrir. Même si, officiellement, cette villa appartenait à Ally et ses parents, Charley y vivait la semaine lorsqu'il ne rentrait pas chez ses parents, dont le territoire était bien trop lointain pour que leur seule et unique progéniture fasse le chemin quotidiennement. Alors, sereinement, ils la laissaient cohabiter avec son amie d'enfance et la chatte de cette dernière, un animal possédé par le démon qui semblait continuellement en chaleur et qui miaulait constamment en levant ses fesses à la manière d'une prostituée en mal de fric. Balayant ses mèches humides d'un revers de main, Charley cilla en reconnaissant Russ en ouvrant la porte, se demandant une seconde pourquoi ce débile était là. Puis, il se souvent et haussa les épaules, faisant volte-face pour repartir vers les escaliers en laissant la porte ouverte.

- Tu sais mieux que moi où tu égares tes affaires, Russie. lança-t-il pour la forme, et aussi parce que la provocation n'attendait pas. Surtout lorsque le brun croisait son chemin. Il fallait rester sensé, après tout ; ils ne vivaient que pour se bourriner la tronche (même si, en toute sincérité, Charley préférerait que le COD soit autrement différent, mais ça c'était une autre histoire). Puis il avait du pain sur la planche. Un péquenaud tel que Russ ne pouvait ni le comprendre ni l'envisager, autant le laisser se dépatouiller.

Quand Charley ouvrit la porte, Russ haussa un sourcil. Sans blague, si ça se trouve il avait vraiment raison d'avoir pensé qu'il aurait pu être en train de faire des trucs pas très nets. Il aurait quand même pu prendre le temps de s'habiller, par contre. Avant que le musicos ait pu en placer une, le blond lui offrit d'entrer et/ou d'aller se faire foutre, on peut voir ça dans les deux sens, ce que Russ n'apprécia que très modérement. Dans des cas comme ça, on prend le mec et on l'exécute pour l'exemple ; c'est ce que font les généraux avec les soldats. Manquerait plus qu'on accepte que l'un d'entre eux se révolte, et tous les autres suivraient. Non, il pouvait pas laisser la révolution se mettre en marche, Charley payerait pour tous ceux qui rêvaient en secret de détrôner le grand Russ sur l'échelle de la popularité.

Et en plus, il osait lui tourner le dos et le snober. Repoussant le panneau d'un coup d'épaule, le brun entra dans la villa et plaça deux doigts dans sa bouche pour siffler bruyamment comme s'il rappellait son chien.

« T'as dis quoi, là ? Putain, je crois que j'ai entendu un truc qui m'a pas vraiment plu. » dit-il ensuite en toisant l'autre nabot comme s'il s'était s'agit d'un vieux FIVE collé sur le trottoir.

« Personne m'appele comme ça, tu comprends quand j'te parle ? Et certainement pas un mec comme toi. »

Un temps. A part le mépris le plus total, on aurait eu du mal à dicerner quoi que ce soit dans le regard de Russ. Charley représentait à lui seul tous les clichés qu'il ne supportait pas -et ne supporterait jamais, putain – chez un individu de sexe masculin. C'était con pour lui.

Le réflexe premier de Charley fut de lever la main pour faire un magnifique doigt à Russ tout en continuant de lui tourner le dos ; après tout, il ne méritait même pas que l'autre prenne la peine de se retourner pour le regarder, surtout après l'avoir interpellé de cette façon. Sans compter qu'être contrarié, ça favorisait l'apparition des rides, et si le brun ne semblait pas concerné, le blond, lui, préférait mourir plutôt que de prendre le risque de vieillir prématurément. Il avait un physique à conserver et une réputation à tenir, mince. Cependant, Pupute, la chatte d'Ally, surgit du haut des escaliers et lui passa prestement entre les jambes pour aller se frotter contre celles de Russel en miaulant à n'en plus pouvoir, tremblant d'un spasme de plaisir étrange. Cillant devant l'incongruité de la scène, Charley ne tarda néanmoins pas à laisser entendre un éclat de rire à peine sardonique, se penchant légèrement en avant pour accentuer encore la lueur moqueuse de son regard. Dans les films, généralement, ça suffisait à faire monter le sex-appeal du méchant d'au moins soixante-quinze pour cent.

- Actually, tu es en mesure d'être appelé par bien des choses, Russie.. susurra-t-il d'une voix sirupeuse, pouffant l'instant d'après à la manière d'Ally lorsqu'ils regardaient ensembles Desperate Housewives. Ç'aurait pu être plus malsain encore si ç'avait été Ugly Betty, mais ce genre de séries à deux ronds c'était bon pour Russ et sa bande de clochards.
- En parlant de ça, y'a une douche à l'étage, si tu te décides un jour à consentir de te débarrasser de cette odeur pestilentielle qui te poursuit depuis tes neufs ans. rajouta-t-il en secouant vaguement la main devant son nez, une moue outrageusement révulsée sur le visage. Puis il tourna à nouveau le dos au brun et entreprit de monter les marches, serein. La guerre pourrait bien reprendre plus tard, il avait une soirée à préparer, lui. Deux heures, c'était léger pour réussir à faire de lui la star de la fête, mais Charley avait confiance en lui : il y arriverait. Même avec un tel glandu au rez-de-chaussée. Tout était une question de subrogative.

En haut de l'escalier trônait une immense photo taille réelle d'Ally qui souriait en prenant une pause joyeuse, et par habitude Charley ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. Ah, elle était si jolie ! Dommage, vraiment, qu'elle gâche sa jeunesse avec l'autre énergumène. Charley se l'était promis, un jour, il la débarrasserait de lui et lui trouverait un homme vraiment à sa hauteur. Mais pas demain. Demain, c'était journée shopping.

L'arrivée de Pupute coupa court dans le plan pré-établit par Russ pendant le trajet en voiture. C'était pourtant un plan relativement simple : petit a) se rendre chez le blond. Petit b) tuer le blond. Ou tout du moins lui casser la gueule, parce que même si le père de Russ était puissant et influent, il ne l'était sans doute pas assez pour lui épargner un procès pour meurtre.
Pupute était, avec Charley et les parents d'Ally, une des raisons qui faisait que Russ préférait recevoir sa copine chez lui plutôt que l'inverse. Quand elle vint se coller contre ses jambes – Pupute, pas sa copine -, le musicien laissa échapper un grognement agacé et il tenta de la repousser du bout de sa basket hors de prix. Un chat comme ça, c'est vraiment pas humain. Il avait demandé quinze fois au moins à Ally de la balancer à la mer, ou du haut d'un hélicoptère, mais pas moyen, elle y tenait à cette bestiole. Si ça ne tenait qu'à lui..
Pour courroner le tout, le blond se permit une blague sur son hygiène (qu'il avait plutôt honorable, enfin, par rapport à Brian tout du moins, elle était on-ne-peut plus honorable) et il monta à l'étage sans plus se préoccuper de lui.
Furieux, et désireux de lui régler son compte avant le retour d'Albernaty, Russ donna un bon coup de pied dans le chat qui couina autant de plaisir que de douleur, et il monta l'escalier à sa suite en se demandant bien pourquoi il avait fallut qu'Ally devienne amie avec lui. Sérieusement. D'autant que, réglage de comptes mis à part, il savait pas du tout où cette gourdasse d'Allie avait bien pu laisser son lecteur MP3.

Une fois arrivé sur le pallier, Russ dédaigna la salle de bains précédement recommandée (fallait pas trop se foutre de sa gueule non plus) pour rattraper Charley et l'aggriper par les cheveux pour le tourner de force vers lui.

« T'as pas bien compris. C'est pas parce que t'es copine avec ma meuf que tu peux faire ta reine, et tu vas payer pour ce que tu m'as dis tout à l'heure. J'espère que tu tenais pas tellement à ta gueule d'ange, mais de toute façon ça doit pas être si important que ça pour toi, quand tu te fais enculer c'est pas le truc qui se remarque en premier. »

Sur ce, il lui colla un bon poing dans le nez.

Charley en était à se demander quel T-shirt il allait bien pouvoir choisir pour s'accorder avec son corsaire blanc (un vert avec une veste blanche à tête de morts noires, peut-être ; un keffieh blanc suffirait à rendre le tout harmonieux, certainement) lorsque Russ déboula du haut des escaliers avec sa tronche de Doberman. Haussant un sourcil en ignorant Pupute qui se roulait par terre à l'étage inférieur en couinant d'un orgasme qu'il ne préférait même pas envisager, Charley s'apprêtait néanmoins à l'ignorer pour s'enfermer dans la salle de bain - son timing bon Dieu ! - lorsque Russ lui saisit purement et simplement les cheveux de ses doigts sales, le faisant se crisper d'un coup sec tandis qu'un long frisson d'horreur remontait sa colonne vertébrale. Oh n'allez pas croire qu'il avait peur de Russel. Au contraire, en fait, plus ce dernier lui montrait de l'attention quand bien même ce serait pour le haïr plus Charley se sentait d'humeur provocatrice. C'était peut-être le côté homosexuel qui faisait ça. En attendant, il sortait d'une longue douche où il n'avait rien laissé au hasard, ce crétin n'allait quand même pas tout gâcher !

Perdu dans ses pensées révoltées, le blond ne fit pas des masses attention au discours de Russ. En fait, il s'apprêtait même à l'interrompre, mais ce dernier termina bien plus vite que prévu et lui colla son poing dans le pif, comme ça, sans sommation. Enfin, si, mais il ne les avait pas écouté, alors c'était tout comme. Et s'il y avait bien une chose que Charley ne supportait pas, c'était que l'on touche à son physique si sophistiqué. Comme un réflexe de survie inhérent à sa réincarnation d'Aphrodite, son genou partit se loger avec violence dans l'entrejambe de Russel, et tant pis pour Ally, sa plastique passait avant tout. De toute façon, vu sa tronche, le reste ne devait pas avoir subi assez de séquelles pour s'en retrouver méconnaissable. Cela eut au moins l'avantage de faire lâcher prise au brun, assez du moins pour que Charley s'en réchappe en posant ses mains sur son nez. Heureusement, il ne saignait pas. Malheureusement, il avait quand même très mal.

- Bordel de.. débile ! T'es vraiment qu'un gros naze ! couina-t-il en sautant sur un pied, ce qui était parfaitement inutile étant donné que sa douleur se localisait au visage. Instinct de survie, dirons-nous.
- Mon nez ! Raclure ! Mon nez si parfait ! rajouta-t-il ensuite d'un air purement effrayé, se jetant finalement dans la salle de bain pour se placer devant le miroir. Bon, il avait rougi, mais rien de grave en apparence. Le touchant du bout des doigts, Charley se rassura : il n'était pas brisé. Ah, si ç'avait été le cas, croyez-le, le service trois pièces de Russ n'existerait déjà plus !

HAHA ! EN PLEIN DANS SA MOUILLE !
La victoire fut pourtant de courte durée car le danseur contre-attaqua d'un très beau coup de pied. Un lutz parfait, en plein dans le mille, ten points, et Russ s'écroula lamentablement en se tenant l'entrejambe alors que Charley allait inspecter son faciès partiellement endommagé dans la glace de la salle de bain. Bon, évidemment, le fait que son nez soit droit sera jamais aussi important que la capacité de reproduction de Rodgers, et ce dernier marmonait d'une voix incompréhensible qu'il allait le détruire quand tout à coup, au rez-de-chaussée, la voix claire d'Albernaty se fit entendre. Déjà ?! Elle était DEJA rentrée ?

Incapable de se relever complètement, Russ se traîna jusqu'à la rambarde de l'escalier à laquelle il s'aggripa pour se rassoir en geignant sur le sol. Il faisait pas semblant quand il frappait, l'autre niais. Ca, il le paierait. En plus du reste, et avec les intérêts. Il allait lui crâmer sa famille, à ce con.

« Ouais babe, on est là. » lança-t-il enfin à l'attention de la blonde, dont il entendait les talons claquer sur le parquet du dessous, entrecoupés des miaulements insistants du chat content de trouver en elle un autre soulagement potentiel.

Reportant un regard noir sur Charley, il lui fit un doigt que le blond put très nettement apercevoir dans le reflet du miroir.

Ally était importante, évidemment ; en fait, elle l'était beaucoup plus que quasiment tout le reste. Mais elle comprendrait tout à fait son désarroi et la priorité que prenait son visage dans pareille situation. Elle-même, la veille, n'avait pas eu enlever son masque à temps, et s'il ne le lui avait pas fait remarquer, elle.. SEIGNEUR. Son masque. Il n'avait pas fait son masque. Un coup d'œil à l'heure lui signifia qu'il n'avait plus beaucoup de temps. Se retournant vivement vers Russ qui se traînait lamentablement par terre, il envisagea sérieusement d'aller l'enfermer dans les toilettes avec Pupute durant une heure entière lorsque la voix d'Ally résonna dans le hall. Mince, mauvais timing.. Crissant des dents, Charley se retint alors de mettre à bien ses vils projets et retourna se mirer dans une glace qui n'avait jamais su que faner ses traits si distingués. Saisissant prestement le pot qu'il avait déjà sorti et qui trônait désormais sur le côté du lavabo, Charley fit sauter le bouchon pour plonger délicatement ses doigts dans la crème qu'il s'évertua alors à s'appliquer le plus rigoureusement possible, tout en douceur. Autant dire que le doigt qu'il aperçut du coin du regard dans la glace ne l'intéressa pas outre mesure. Si Ally passait après son physique, Russ, lui, n'existait que pour lui tailler des pipes. Si, bien sûr, ç'avait été le cas ; remarquez alors l'inutilité flagrante.

Le blond en retirait tout de même une certaine jouissance : voir Russel aussi désemparé, se tenant le service trois pièces comme si ce dernier allait se décrocher, c'était un réconfort en soi. Bien maigre comparé à son nez endolori, mais on faisait avec ce qu'on pouvait n'est-ce pas.
- Babe. Ridicule. Quel naze. Et on s'étonne du discrédit des hétéros. marmonna-t-il dans sa barbe, assez fort néanmoins pour que Russel n'en rate pas un mot alors qu'il finissait de s'occuper de son front, tenant ses mèches de cheveux à l'aide de sa seconde main. Déjà, il avait terminé, pour son plus grand malheur ; mais allez rattraper un tel retard, vous ! Soufflant d'ennui, Charley fit volte-face et s'appuya contre le lavabo, posant son regard dédaigneux sur la loque brune qui suintait sa pourriture sur le sol impeccable du couloir. Ally n'allait pas tarder à monter à l'étage, il n'en doutait pas. Lui, il préférait que personne ne l'approche avant que la crème n'ait fini de s'incorporer.

Russ s'attendit à recevoir un quelconque soutient – légitime – de la part de la blonde mais non, elle lui demanda simplement ce qu'il faisait par terre sans pour autant s'apitoyer sur lui. Il roula des yeux quand elle se contenta de l'enjamber avant de rejoindre l'autre pintade dans la salle de bain, et se releva péniblement en gardant un air fier et je-m'en-foutiste. L'image, ça comptait avant tout, même pour les rebelles comme lui. Montrer à ce crétin de Charley qu'il pouvait le réduire à néant juste en un claquement de doigts ? Ridicule. D'ailleurs, en parlant de ridicule, il s'imagina en train de l'étrangler à deux mains suite à sa gentille remarque sur sa façon d'appeller Albernaty. Ca serait tellement jouissif, putain.

« On va boire un coup avec Brian, tu veux pas venir ? » demanda-t-il alors assez fort pour couper court à la conversation de poufs que sa copine et l'autre gland échangeaient, s'adressant bien évidemment uniquement à l'élément féminin. Si il se montrait sympa avec elle, elle l'engueulerait sûrement moins quand il tomberait sur le râble de Charley pendant leur super fête de ce soir. C'était un coup à tenter.

La seule et unique phrase qu'Ally daigna adresser à Russ fit pouffer de rire Charley qui s'empressa de tousser pour couvrir le bruit. Savait-on jamais, Ally risquerait de l'entendre. Russ et lui semblaient, d'un accord tacite, avoir décidé d'épargner les nerfs (et le cœur) de Albernaty, aussi cette dernière ne se doutait absolument pas de la guerre permanente que se livraient les deux jeunes hommes. Bien sûr, elle n'était pas stupide et savait bien que l'un l'autre ne se portaient pas en grande estime, mais elle ne s'imaginait sûrement pas que ça aille aussi loin. Charley se ferait un plaisir de le lui prouver, pourtant, mais la santé de la belle blonde passait en priorité : ce n'était pas bon pour son visage si elle s'énervait ou plissait les yeux. D'ailleurs, Ally rentra dans la salle de bain à son tour, sembla remarquer son masque et l'embrassa platoniquement ; d'une synchronisation parfaite, Charley le lui rendit et l'observa s'asseoir en lui adressant un sourire complice, hochant ensuite la tête d'un air compatissant.

- Tu sais ma belle, il faudrait que.. commença-t-il, la fin de sa phrase se perdant néanmoins dans un recoin de ses cordes vocales tandis que Russ haussait le ton en interpellant Ally. Pour l'inviter à boire un verre avec Brian et lui, tant qu'à faire. Bien que nonchalant, le blond ne put s'empêcher d'éclater de rire, clairement amusé, hochant la tête d'un dépit résigné. Vraiment, ce type était irrattrapable.
- Mon pauvre Russie, j'ai bien peur que tu ne doives te passer d'Ally pour ce soir. Elle est déjà prise, et tu as beaucoup trop d'autres projets pour pouvoir l'accompagner. souffla-t-il, un sourire satisfait aux coins des lèvres, tandis qu'il rassemblait de ses mains libres tous les produits dont il avait besoin pour se préparer. Son costume l'attendait dans sa chambre, quant à lui ; il préférait l'enfiler en toute discrétion, pour réserver la surprise à sa meilleure amie (qui d'ailleurs, faisait de même, bien que Charley se doutait que le résultat fut court).
- À tout à l'heure, chérie ! lança-t-il finalement à l'intention d'Allie, lui adressant un dernier baiser volant avant de sortir dans le couloir, d'enjamber Russ en marchant accidentellement sur sa poitrine et de traverser le couloir pour aller s'enfermer dans sa chambre. Show must go on.